La qualité des huiles essentielles

Actualités Anne POLLART

Les huiles essentielles utilisées dans un but thérapeutique doivent être d'une qualité irréprochable. Toutes ne se valent pas. Le terme huile essentielle seul n'est pas un terme de qualité. Pure et naturelle non plus, et biologique non plus. Cet article va vous permettre de comprendre pourquoi, mais aussi les conséquences possibles quant à l'utilisation d'huiles essentielles de mauvaise qualité. 

La qualité d’une huile essentielle commence à la plante

Son mode culture, le ramassage et le tri (seules les plantes saines doivent être récoltées), la cueillette de préférence à la main, à la saison idéale, le terroir où a poussé la plante et enfin le moment, la saison, la période de la journée pour la récolte ont une grande influence sur la qualité des huiles essentielles.
Seules les HE provenant de plantes cueillies à l’état sauvage ou cultivées biologiquement devraient être utilisées à des fins thérapeutiques.
Une simple adjonction de sels minéraux dans le sol est susceptible de modifier la composition d’une HE ;

Cette qualité se poursuit à la distillation

 Pour obtenir une huile essentielle de qualité, la plus proche de l’essence de la plante, il est indispensable que certains critères soient respectés notamment une distillation lente et complète à la vapeur d’eau et à basse pression.
Une plante distillée rapidement et à haute pression va développer des molécules toxique dont les fameux benzopyrènes (faisant partie des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et reconnus comme cancérigène.
Une plante distillée incomplètement donnera une huile essentielle incomplète, les molécules thérapeutiques et protectrices de la plante seront peu présentes ou pas présentes, l’huile essentielle sera alors très bien pour parfumer un placard, mais inefficace thérapeutiquement avec de fortes probabilités de réactions allergiques.

Pourquoi une huile essentielle est souvent  incomplètement distillée ?

 Il faut entre 2 à 12 heures selon les plantes pour une distillation lente et complète. 90% des molécules sont passées en ½ heure. Ce sont les molécules les plus légères, donc les plus aromatiques qui passent en premier, mais les thérapeutiques et protectrices n’arrivent qu’en fin de distillation. Il est tentant pour l’artisan distillateur d’arrêter sa distillation à cette 1ère demi-heure, cela lui permet de vendre à bas prix. Olfactivement, sauf un aromathérapeute averti, peut parfois « sentir » qu’il manque la fin de distillation. L’odeur est très fraîche et fleurie, il manque le côté un peu «terre/terreux », moins frais.  

Afin de vérifier si ces critères ont été respectés par le distillateur, le laboratoire doit procéder à des contrôles qualité  physiques et chimiques sur tous les lots des huiles essentielles et à chaque réception, là aussi, il y a souvent un contrôle qualité au départ pour travailler avec l’artisan distillateur et puis les lots suivants ne sont plus contrôlés, ces contrôles ont un coût.

Pour chaque lot, ces tests physiques tels que analyse de l'indice de réfraction, analyse du pouvoir rotatoire, mesure de la densité, calcul du flash point... sont réalisés. Des tests chimiques également: chromatographie et spectrométrie de masse. L'odeur, la couleur et la texture sont également confrontées à un standard strict.

Le laboratoire fera ensuite le choix en fonction de la qualité qu’il souhaite donner à son produit, de l’envoyer ou non pour l’embouteillage.

L’huile essentielle portera ensuite un numéro de lot qui doit être indiquées sur le flacon et la boîte, le numéro de lot, renverra à la fiche technique d’analyses consultable par le distributeur. Il y a même eu des trafics de numéro de lot pour les analyses. Il a eu des huiles essentielles fabriquées chimiquement comme la gaulthérie couchée, sans aucune plante, uniquement en chimie !

Pour une huile essentielle irréprochable, il est bon de vérifier que le laboratoire s’engage sur les points suivants :

Priorité aux matières premières certifiées biologiques et, à défaut, aux matières végétales sauvages récoltées sur des sites non traités.

Double analyse de tous les lots d’huiles essentielles en interne et par un laboratoire indépendant. Ces analyses doivent être effectuées en tenant compte de la Pharmacopée Européenne, des normes AFNOR et de normes internes strictes.

Ingrédients sans OGM (organisme génétiquement modifié).

Traçabilité. Qu’il existe une fiche technique et un échantillon pour chaque lot d’huile essentielle, et que cette fiche soit consultable par le distributeur

Production selon la procédure des normes HACCP (Hazard Analyze of Critical Control Point). Ces normes impliquent une traçabilité et un autocontrôle des produits finis (contrôle bactériologique, chromatographie…). 

Respect intégral des bonnes pratiques de fabrication (GMP: good manufacturing practice) parfois de laboratoire (BPL).

Certains fabricants très sérieux font 3 contrôles à chaque arrivée de lot. Le premier doit être fourni par le distillateur lui-même, le deuxième est effectué en interne, le 3ème par un laboratoire indépendant.

Vous comprendrez donc que la responsabilité de vérification du distributeur est importante. Toutes les huiles essentielles ne se valent pas. Et ce n'est pas parce qu'elle sont vendues en pharmacie que la qualité est présente. 

Or, ces critères sont malheureusement peu connus. Même d’un public averti, qui pense que toutes les huiles essentielles se valent et comparent les huiles essentielles uniquement en termes de prix et non de qualité.

Le consommateur achète parfois ses huiles essentielles à bas prix sur internet, ou sur des marchés, ces huiles devraient être réservées à des fins non thérapeutiques. 

Un prix trop bas doit déjà vous mettre la puce à l'oreille : regardez les prix des laboratoires sérieux et comparez.

Et encore après la distillation

Les huiles essentielles ont été très utilisées et sont toujours utilisées principalement pour l’industrie cosmétique ou la parfumerie.
Ces deux marchés ont pour seul but de faire le maximum de profit possible. C’est pourquoi les huiles essentielles destinées à cette industrie ne sont ni acceptables ni utilisables à des fins thérapeutiques.

La plupart des HE vendues comme 100% pures et naturelles sont en réalité coupée, allongées, diluées, dénaturées avec des huiles végétales ou minérales, des molécules de synthèse de faible prix, dites « parfums », des agents émulsifiants chimiques, de la térébenthine, de l’alcool et même de l’essence automobile.
Elles peuvent aussi être additionnées d’autres huiles essentielles proches, comme par exemple, du lavandin super dont le prix est moindre, à de la lavande fine. Certaines sont décolorées et/ou recolorées artificiellement. D’autres encore sont amputées de certaines molécules. C’est le cas par exemple, de l’essence de citron déterpénée (l’élimination du limonène permet une conservation plus longue) mais celle-ci devient beaucoup plus agressive pour la peau. Le limonène est une molécule active et indispensable à des fins thérapeutiques.

Ainsi avec une tonne d’HE de romarin 100% pure et naturelle, distillée, certains laboratoires de la région de Grasse en fabriquent sept tonnes…
Enfin certaines huiles plus délicates comme la rose ou la mélisse ne sont en générales disponibles dans le commerce que reconstituées ou mélangées. Des appellations pas tout à fait claires, comme des huiles essentielles à la rose, ou d’huile essentielle de rose au nom latin de la rosa centifolia et non celle de damascena. La rosa centifolia est un hybride (croisement de plusieurs roses différentes).

Seul le respect des critères de qualité garantit l’authenticité des HE, leur relative innocuité et leur pleine efficacité thérapeutique.

Toute modification du profil moléculaire à quelque fin qu’il soit, entraîne une augmentation des effets indésirables (allergies, dermocausticité, neurotoxicité, etc.) et une diminution de l’efficacité, voire cancérigènes.

Le distributeur doit donc interroger le laboratoire et s’assurer de cet engagement de qualité irréprochable, mais le distributeur a parfois uniquement un but mercantil.

Voici différents niveaux de qualité :
Qualité industrielle standard
Huiles essentielles provenant d’espèces de plante botaniquement non certifiées, cultivées industriellement, récoltées sans contrôle du meilleur moment, qui peuvent être distillées rapidement et incomplètement à haute température et à haute pression, souvent rectifiées, allongées, amputées de certaines molécules, etc.…(voir plus haut), quand elle ne sont pas carrément reconstituées.
A proscrire pour l’usage thérapeutique.

100% pures et 100% naturelles
Ce sont des HE de qualité moyenne.
Elles ne proviennent pas nécessairement d’espèces de plantes botaniquement certifiées (plusieurs espèces pouvant être confondues),
Elles peuvent être cueillies à l’état sauvage ou cultivées biologiquement (le biologique est un critère de qualité de culture pas de récolte, de distillation….).
La récolte n’a pas non plus toujours été faite au meilleur moment qui soit.
La distillation est la plupart du temps incomplète (effectuée sur une courte durée à haute t° et  à haute pression. Elles peuvent être rectifiées mais pas allongées, dénaturées ou amputées comme les précédentes.
Leur usage à des fins thérapeutique est déconseillé.

Authentiques et chémotypées
Ce sont des huiles 100% pures et 100% naturelles et 100% complètes ou intégrales, qui répondent à l’ensemble des critères énoncés.
Ce sont les plus actives sur le plan thérapeutique.
Leur prix est un peu plus élevé mais justifié par leur qualité et leur efficacité.
Ce sont les seules qui devraient être utilisées sur un plan thérapeutique. A condition d’avoir au préalable fait un examen minutieux des contrôles qualités effectués avec les chromatographies.

Sur une bouteille ou l'emballage d’huile essentielle doivent toujours figurer :

  • le genre, l’espèce botanique certifiée (en latin)
  • le chémotype et la partie distillée de la plante
  • le numéro de lot correspondant au contrôle qualité et à partir duquel vous pourriez obtenir l’information chromatographique correspondante.
  • La date de péremption,
  • Le pays de culture
  • La variété, le cultivar, l’hybride ou la sous espèce
  • Et enfin 1ère molécules majoritaires, en général de 1 à 3.

En conclusion :

Nous avons vu, que la qualité de la culture, et du ramassage est hyper important. Qu’une huile essentielle peut être biologique mais mal distillée, biologique est le critère de culture.
Il appartient au professionnel averti d’être vigilant sur la qualité des huiles essentielles qu’il distribue, mais c'est rarement le cas. Se référer à un aromathérapeute averti, qui pourra vous informer des marques qu'il préconise est le meilleur moyen d'être sûr. Le consommateur seul, ne peut vérifier cela. Le professionnel averti est à même de pouvoir lire les chromatographies et peut vérifier la qualité et  présence des molécules référentes de chaque huile essentielle en demandant aux laboratoires leurs contrôles.
Les huiles essentielles sont là pour nous faire du bien. Comme nous l'avons vu auparavant, les conséquences sont nombreuses : dans le meilleur des cas, elles ne feront pas d'effet, dans les effets qui peuvent varier dans la gravité, il y aura les allergies (urticaires, boutons, brulûres, jusqu'à des problèmes plus graves), jusqu'a l'effet cancérigène. Il serait dommage de gacher un si bel outil. Les huiles essentielles sont l'âme de la plante ! Elles font parties des substances les plus précieuses que la nature a à nous offrir.
Belle utilisation ! wink

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